sabato 27 luglio 2013

Le 25 juillet 2013 Bernadette Lafont ...









A' 08h26 , le 25 juillet 2013, la comédienne  Bernadette Lafont a succombé après avoir été placée mercredi soir en réanimation, a précisé à l'AFP une source hospitalière. 

Elle avait été hospitalisée au CHU de Nîmes lundi, après avoir été victime d'un malaise alors qu'elle se trouvait au centre hélio-marin du Grau-du-Roi (Gard). Elle avait été secourue en début d'après-midi par les pompiers, puis par le Samu et transférée par hélicoptère à l'hôpital nîmois. 

Bernadette Lafont, qui enchaînait tournages et projets, avait connu cette année un beau succès dans le film "Paulette", où elle campait une retraitée qui se met à vendre du cannabis pour joindre les deux bouts. Résultat: plus d'un million d'entrée au box-office. 

Mais, à la mi-juillet, elle avait dû annuler, pour raison de santé, sa participation au festival de théâtre de Figeac (Lot). 

L'actrice, qui devait aussi tourner dans "Les vacances du petit Nicolas", avait été remplacée récemment pour les mêmes raisons par la comédienne Dominique Lavanant, a précisé à l'AFP le producteur du film, Marc Missonnier. 

Née le 26 octobre 1938 à Nîmes (Gard), cette fille de pharmacien se destinait d'abord à la danse tout en rêvant de cinéma.
Grâce à son premier mari, le comédien Gérard Blain, elle rencontre les jeunes réalisateurs de la Nouvelle vague, dont François Truffaut qui lui offre en 1957 son premier rôle dans le court métrage "Les mistons", puis Claude Chabrol pour "Le beau Serge", un succès. 







Brune sensuelle dotée d'un incroyable bagout et d'une voix très particulière, personnage haut en couleur au jeu spontané, Bernadette Lafont est devenue à la fin des années 50 l'égérie de la Nouvelle vague, tournant encore "La fiancée du pirate" de Nelly Kaplan, ou "Une belle fille comme moi" de François Truffaut. 

"Eprise d'amour et de liberté

"Ce qui m'avait séduite chez elle, c'est sa beauté, son talent, un regard extraordinaire et un sourire charmant", a déclaré jeudi à l'AFP Nelly Kaplan, se disant "effondrée" par la mort de celle qui était restée son "amie". 

"Le cinéma français perd avec Bernadette Laffont une artiste qui avait su par sa liberté épouser tous les genres, de la Nouvelle vague, aux comédies populaires", a déclaré dans un communiqué le Palais de l'Elysée, saluant celle qui "mettait dans ses rôles de la fantaisie, de l'audace et de l'humanité". 

Evoquant "La maman et la putain" de Jean Eustache, le maire de Paris, Bertrand Delanoë, a noté qu'"à travers ses rôles de femmes élégantes et modernes, dont l'inoubliable Marie (dans le film d'Eustache), elle incarnait avec une grâce toute particulière, la Parisienne éprise d'amour et de liberté". 
Le président du Festival de Cannes, Gilles Jacob, a fait part de "sa grande tristesse", parlant d'une "une énorme perte pour notre cinéma". 
"Elle était une actrice incontournable et unique du paysage cinématographique (...) Son authenticité et son originalité vont faire défaut", a souligné la présidente du Centre national du cinéma, Frédérique Bredin. 

Alternant films pointus et comédies plus ou moins anticonformistes, Bernadette Lafont était devenue une actrice incontournable du cinéma français, de "La Gueule de l'autre" de Pierre Tchernia avec Michel Serrault et Jean Poiret en 1979 à "L'Effrontée", de Claude Miller, avec Charlotte Gainsbourg en 1985, rôle pour lequel elle a obtenu le César du meilleur second rôle féminin.
Elle tournera aussi pour Louis Malle, Costa-Gavras, Jean-Pierre Mocky, etc. 
Couronnée par un César d'honneur en 2003 pour l'ensemble de sa carrière, qui compte plus d'une centaine de films, elle avait rejoint plus récemment Alain Chabat et Charlotte Gainsbourg pour "Prête-moi ta main" en 2006 ou "La première étoile" en 2009 de Lucien Jean-Baptiste. Ce dernier a confié sur RTL être "vraiment très triste" parce que ce "monstre du cinéma" était "comme une petite mère" pour lui. 

Parallèlement au cinéma, elle a mené une véritable carrière au théâtre avec "La Tour de la Défense" du dramaturge argentin Copi en 1981 ou en 2006 "Si c'était à refaire" de Laurent Ruquier.
Elle était aussi une familière du petit écran, jouant dans de très nombreux téléfilms. 

Officier de la Légion d'honneur, Bernadette Lafont avait eu trois enfants. Sa fille cadette Pauline, actrice qui avait marqué les esprits dans "L'Eté en pente douce" de Gérard Krawczyk en 1987, était morte accidentellement en 1988 à l'âge de 25 ans. 

Bernadette Lafont, son entretien pour le magazine Femina

Egérie de la Nouvelle vague et comédienne populaire, l'actrice Bernadette Lafont s'est éteinte jeudi 25 juillet, au matin, à l'âge de 74 ans au CHU de Nîmes, un décès qui a déclenché une vague d'hommages.
Au debut de l'année elle a été interviewée par le journal FEMINA.




Interview du 16 janvier 2013 d'Edmée Cuttat pour le magazine Femina

 






A presque 75 ans, Bernadette Lafont dégage une énergie communicative. Le temps qui passe, elle s’en fiche. Ses projets la passionnent.

Fille d’un pharmacien nîmois qu’elle adorait et pour qui elle a voulu devenir célèbre, égérie de la Nouvelle Vague,
Bernadette Lafont illumine les écrans de son insolence, de son naturel, de sa voix inimitable, depuis plus d’un demi-siècle.
Le 26 octobre prochain, la populaire et charismatique actrice, à l’affiche de tant de films qu’elle en a perdu le compte, va fêter ses 75 ans. Difficile à croire quand on la rencontre dans les locaux de la Gaumont à Neuilly.


Ligne de jeune fille, impeccablement maquillée et coiffée, la comédienne est pimpante, dynamique, chaleureuse.
Depuis toujours, le théâtre et le cinéma dominent son quotidien, la motivent et la font avancer. Mais au-delà de Paulette, où elle incarne une mamie dealeuse de shit méchante et raciste, cette native du Scorpion se plie avec grâce et humour au jeu de l’interview pour dévoiler une part plus intime.

FEMINA  Hors des plateaux ou de la scène, qui êtes-vous et comment vivez-vous?

Une personne ordinaire qui a vécu une enfance heureuse, s’est le plus souvent bien amusée, et une têtue qui a l’habitude de réaliser ses rêves. Je mène une existence simple, saine, très réglée. Je suis assez monacale, je sors peu, je dors beaucoup. Je suis du matin, dont l’énergie me dope. Fervente adepte de l’effort physique, je pratique assidûment le Pilates pour me tenir en forme et me donner à fond dans mon métier.

Des moments de détente quand même, au milieu de cette activité forcenée?

Je n’ai pas la télévision, mais j’écoute beaucoup la radio. Je fais du feu dans ma cheminée, je lis, surtout des biographies. Je suis curieuse de tout ce que je ne connais pas et je n’ai jamais fini d’apprendre.

L’automne prochain, vous fêterez vos 75 ans. Est-ce que cela vous angoisse?

Non. Tant que je travaille et que j’aides projets, la vieillesse ne me fait pas peur. Et j’en ai des tas, de projets! A part mon métier, j’ai une passion, les travaux dans les maisons.
J’en ai deux. Une dans les Cévennes et l’autre dans les Deux-Sèvres, vers Saumur.
J’adore les arranger. Sinon, j’aime aller au marché et dénicher de quoi préparer des repas pour mes amis. Je me prends deux jours. Un pour les courses l’autre pour cuisiner. Souvent des plats à base de champignons... Je ne suis pas très dessert, mais je réussis des mélanges de fruits crus et cuits.

Votre anticonformisme est légendaire. On a même dit que vous incarniez l’indépendance sexuelle et intellectuelle. Dans «La fiancée du pirate», les hommes tombent comme des mouches face à vous.

Si vous voulez la liberté, prenez-la, n’attendez pas qu’on vous la donne. C’est ce que j’ai fait. Il y a tant de pièges dans la société. Quant à l’indépendance sexuelle, chaque chose en son temps. Aujourd’hui… Mais il est vrai que je n’ai pas boudé mon plaisir, particulièrement dans les années avant le sida. J’ai eu plein d’amants. Je ne suis d’ailleurs pas la seule. A cette époque on faisait l’amour comme on prenait le thé.

Vous sentez-vous plus femme, mère, ou comédienne?

Difficile de répondre. J’ai eu deux maris, trois enfants, un garçon et deux filles, dont Pauline, qui est morte dans un accident de forêt en 1988. Il y a un avant et un après Pauline… On ne se remet jamais d’une telle tragédie… Mais mon métier m’a sauvée. Je suis donc davantage une comédienne dans la mesure où j’ai choisi le métier d’abord.

En dépit de votre côté décomplexé, y a-t-il des choses qui vous font rougir?

Je suis souvent choquée. Par la vulgarité, l’incivilité, le spectacle parfois navrant qu’offrent nos politiciens. Mais cela ne me fait pas rougir, cela me met en colère. Comme l’abandon des vieux qui a inspiré Paulette, mon dernier film. Il est parti de l’histoire vraie d’une vieille dame, qui décide de trafiquer du haschisch dans sa cuisine pour ne pas se retrouver à la rue. Aujourd’hui, on veut nier la vieillesse. Tout le monde doit être jeune et beau. C’est fatigant.

Quel est le plus beau compliment qu’on vous ait fait. Et de qui venait-il?

De Robert Hirsch, un acteur pour qui j’ai une dévotion absolue. Il dit toujours en m’accueillant: «Voila le plus beau sourire du cinéma français.»

Y a-t-il une chose que vous ne savez pas faire et qui vous handicape?

Je suis nulle en pâtisserie, c’est dommage pour mes petits-enfants. J’en ai cinq. Trois filles et deux garçons. Et puis il y a une chose que je regrette bien qu’elle ne soit pas un handicap, c’est de ne pas avoir appris à monter à cheval. J’avais en fait une véritable peur de cet animal.

Revenons au cinéma, vous avez tourné quelque 150 films, des courts-métrages, des téléfilms... N’avez-vous jamais eu envie de passer derrière la caméra?

N’importe qui aujourd’hui se pique de réalisation. Mais je respecte trop le cinéma pour cela. Il faut avoir quelque chose à dire. Je suis à ma place dans mon histoire d’interprète et ça me va très bien.

Comme vous ne vous arrêtez jamais, où et quand vous retrouvera-t-on prochainement?

En février, je serai sur scène à l’Opéra Comique dans Ciboulette, mis en scène par Michel Fau. Et au cinéma, on me verra dans Attila Marcel, une comédie de Sylvain Chaumet.

Une dernière question, Bernadette Lafont. Si vous pouviez recommencer votre vie?

Je crois bien que je referais la même chose. Ou peut-être serais-je chorégraphe. Je viens de la danse, même si je ne l’ai pratiquée qu’en amateur.